jeudi 11 juillet 2013

Je suis wallonne et je vous emmerde.



Je fréquente beaucoup de Français. Vous savez, ces gens de pas très loin qui s'estiment tellement supérieurs à nous niveau culture, langage and co. Ne parlons même pas des Parisiens et de leur "ville lumière" qui sont tellement sympas qu'ils préfèreraient te rouler dessus que te laisser passer sur un passage pourtant dit "pour piétons".

Bref, j'en aime quand même un petit paquet dans le tas et pourtant, ces gens, certes fort sympathiques, prennent un malin plaisir à se foutre de mes septante-quatre, de mes "Oufti non didju", de ma façon de dire "wit" pour 8, de mes chiques et autres "à tantôt".
Ne parlons même pas de la tare que je me traîne depuis le célèbre Marc D. et qui me donne vaguement l'impression qu'aux yeux des frenchies, tout Wallon est forcément un peu pédophile dans l'âme. 



Bizarrement, toutes ces petites moqueries ne sont pas adressées aux Flamands qui semblent avoir un vrai statut d'étrangers qui leur confère un certain respect mêlé d'incompréhension puisque, comme on le sait, le Français est limité niveau échanges linguistiques éloignés un tant soit peu des langues romanes.

Je voulais juste leur dire aujourd'hui à tous, ces Français qui frétillent de tourner en ridicule mes origines, que oui, je suis Wallonne. J'y mets une majuscule si vous le voulez bien alors qu'il est ici adjectif mais la majuscule est méritée.
Je suis Wallonne et c'est un truc que j'adore.
Le Wallon, c'est le type qui te laissera passer sur le passage pour piéton même si c'est rouge. 
En Wallonie, dans les embouteillages, si tu croises un rond-point (et on en a mis partout pour être sûrs), tu vas voir, de ton oeil sidéré de Français nombriliste, que les gens se laissent tous passer les uns après les autres. Et si un Wallon ne le fait pas, tu peux être sûr qu'il a vraiment eu une journée de merde ou que sa femme est en train d'accoucher et qu'il est vraiment à la bourre.

En Wallonie, on a cinq jours de beau temps par an et pourtant on passe toutes nos soirées en terrasse, parce qu'on se tient chaud en parlant au type de la table à côté même si on ne le connait pas. A la caisse, truc de ouf, on laisse passer le type qui vient juste pour un paquet de PQ au lieu de l'ignorer et de poser nos courses du mois sur le tapis. A croire un peu qu'en Wallonie, on a plus de temps que vous ou qu'il passe autrement.

En Wallonie, on fait des grèves, on tempête, on revendique et on finit au café parce que bon, on est quand même potes d'abord et qu'on a de la bonne bière. En toute situation, on reste dans une sorte d'unité complètement insolite.

C'est pas partout que tu verras ce genre de manifestant...


En Wallonie, on n'est pas vraiment des winners, enfin y en a, mais ils sont moins wallons que les autres. Parce que le Wallon est débonnaire, un peu mou du genou parce qu'on a grandi dans l'idée qu'"On' vike nin 'co si må po dès p'tits ovrîs" (=on ne vit pas encore si mal pour des petits ouvriers). Mais en même temps, si t'as besoin d'un coup de main, tu verras toujours tous tes potes se bouger le cul pour toi en échange d'une frite mayo/sauce lapin.



En Wallonie, on a des routes toutes pourries. Mais elles sont gratuites, tu vois. Et éclairées pour que tu vois les trous. Au moins, on te fait pas payer pour traverser notre petit pays histoire que tu aies de quoi faire tes courses à Maastricht (parce que c'est pas tous les jours que vous venez pour voir notre herbe à nous hein...)

En Wallonie, on dit septante et nonante. Parce que c'est beaucoup moins con que soixante-dix. Mais je ne vais pas m'étendre là-dessus, je vous ai déjà copié-collé le pourquoi du comment et en quoi vous avez tort.
On dit WIT aussi. Mais on a cette espèce de politesse de ne pas vous faire remarquer que putainG ça ne se termine pas par un G.

Nous, les Wallons, on vient chez vous chaque année claquer nos petites économies pendant les mois d'été. 
Et pourtant parfois je me dis que vous devriez venir faire chez nous un petit stage sympathie.
Vous apprendriez plein de chouettes trucs, vous verriez comme c'est sympa de parler aux gens, de faire un petit signe "merci" quand on vous laisse passer, vous goutteriez les frites à la graisse de bœuf et comprendriez pourquoi c'est la seule chose que vos congénères ont retenu de nous, vous mangeriez de vrais sauces aussi.

Bref, tu vois, je suis Wallonne. Et si ça t'embête pas, je vais continuer à dire septante, nonante et WIT. Et à penser très fort que si ce sont des défauts, je préfère de loin ceux-là que d'autres.



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