C’est un aveu bien triste que je vous fais là.
Certains d’entre vous n’en sont pas surpris puisqu’ils ont
fait l’étrange expérience de mes tests culinaires et, s’ils en sont sortis
vivants, n’en sont pas moins convaincus qu’il faudrait verrouiller à jamais mon
four AEG autonettoyant, 18 types de cuissons.
Parce que oui, j’ai quand même investi dans le matos. Je
suis donc la preuve vivante que non, ça ne suffit pas.
Cela dit, mes couteaux Ikea, que je traite aussi mal que je
traite tout aliment qui passe ma porte, ne sont plus ce qu’ils étaient. J’ai eu
beau sortir autrefois avec un forgeron/coutelier (si, si, les forgerons
existent encore), il a pensé plus que dangereux de me confier des armes
alimentaires. D’ailleurs il m’interdisait formellement tout contact avec ses
créations. L’homme avait tout compris.
Parce qu’avec un couteau, j’arriverai sans aucun doute à
tuer un zombie. Par contre, si je tente d’émincer un truc (oui parce que je ne
sais plus très bien ce qu’on émince, je n’émince rien, moi. J’ouvre des
boites.), le pourcentage de chances que le truc émincé soit mon doigt est assez
élevé.
Je ne suis même pas particulièrement maladroite dans la vie
(ok, j’ai reculé dans la porte de mon garage, mais je suis une fille), je veux
dire que je suis tout à fait apte à repeindre toute la maison, à faire des
bricolages hyper choupinoux, j’entretiens assez bien mon jardin etc. Mais la
cuisine, non.
Il semble que j'aie cette forme incroyable d'aptitude :
Pourtant, j’ai suivi des cours. Si, si. Un peu. Et je m’y
amusais bien. J’ai fait des trucs aux noms compliqués (qui se sont effacés de
ma mémoire aussi vite que je les ai mangés mais je peux vous dire que j’ai fait
de l’aspic de machin-chose). Pendant le cours, pas de souci, ça donnait la même
chose que mon voisin. Mais à la maison, game over. C’est fou parce que je ne
suis quand même pas une bille, je sais déchiffrer un plan ikea les doigts dans
le nez et, prof de français, j’enseigne le texte injonctif (dont font partie
les recettes de cuisine pour ceux qui n’ont pas relu leurs cours récemment). Je
peux même assurer grave sur une carte routière.
Mais rien à faire, la cuisine, mon corps veut pô.
Je ne veux pas paraître théâtrale mais je préfèrerais me faire défoncer la face que manger cette nourriture débile (la mienne, donc) |
J’ai bien tenté de trouver une explication et j’en suis
venue à ces constats :
- « tu n’aimes pas cuisiner » : faux. Si c’est sur Hellocoton, Pinterest ou dans un magazine de fille, j’aime. Bricoler un truc girly ou cuisiner, c’est pareil. Ca m’amuse. Donc c’est pas ça.
- " tu n’aimes pas manger alors » : plus faux tu meurs. Je suis une compulsive de la bouffe sous toutes ses formes. Je suis en contrôle permanent pour ne pas jouer dans le remake de Ghostbuster (Bibendum, vous suivez ?). J’aime tout. Du sushi au steak saignant en passant pas l’indien, le Macdo, le Durum, les desserts dégoulinants, les macarons, le chinois, la frite sauce lapin/mayo, le sandwich, la glace, tout. J’aime tout. Donc c’est pas ça.
- « T’as pas le matériel » : oui et non. J’ai une cuisine extraite de Top Chef, avec un plan de travail créé pour Bauccuse, matériel électrique contrôlé, j’ai même des robots, une machine à pain, le bémol allant donc si tu as suivi aux couteaux. Mais les couteaux peuvent-ils expliquer que je rate des pâtes ? Sans doute pas. Donc c’est pas ça.
- « tu ne sais pas lire » : faux. Tsss. Non mais.
J’ai finalement mis le doigt sur un truc.
Peut-être que, pour bien cuisiner, il ne faut faire qu’une
chose à la fois. Et là, il est possible, en effet, que je sois viscéralement
incapable, génétiquement inadaptée à la tâche unique.
J’admets donc que, lorsque je fais des pâtes, je les
abandonne lâchement pour aller doucher ma fille, ranger le linge, changer le
lit, un tour sur FB, trois sms, ah tiens, si je faisais les fenêtres du salon
en lisant le PV du conseil communal ? Et étrangement, quand je reviens,
les plaques de cuisson se sont bravement arrêtées quand je le leur avais
demandé, certes, mais depuis combien de temps ? Ceci explique donc que mes
pâtes sont souvent loin d’être al dente. Avec moi, il faut aimer la bouillie.
Cela dit, afin de rassurer tous mes lecteurs insurgés à
l’idée qu’une pauvre enfant subisse mes tentatives infructueuses de
l’alimenter, sachez tous que je réussis à merveille les crêpes
(incroyable !), que j’ai une mère qui cuisine fort bien et chez qui nous
n’hésitons pas à manger régulièrement des trucs sains, je ne rate pas trop le
steak saignant (chez nous on aime quand on sent encore la bête bouger), pour
les pâtes, je me corrige et je reste devant, mais surtout, surtout, je connais
tous les chouettes traiteurs du coin, j’ouvre à merveille une bonne boîte de
raviolis, d’ailleurs je connais toutes les marques de plats tout préparés qui
sont mangeables, et sinon, je commande à la perfection.
Et, cherry on ze cake, quand j’invite, je fais une raclette,
une fondue ou le célèbre « SOUPER FROMAGE ».
Vous en conclurez également que non, ce n’est pas par la
cuisine que je garde les hommes (quand j’en veux).
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